En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour assurer le bon fonctionnement de nos services.
En savoir plus

Actualités du Lycée

Exposition "Métamorphoses du Moi"

Par CPE Kinshasa, publié le dimanche 28 novembre 2021 10:55 - Mis à jour le dimanche 28 novembre 2021 14:44
c4a08c12042c473480c12e70e9ca55dd-0001.jpg

L’exposition « Métamorphoses du moi » part d’un questionnement, en cours de Littérature, avec les élèves du groupe de spécialité HLP en Terminale, lors de l’étude de différents autoportraits.

À quoi correspond l’exercice de l'autoportrait, à quelle nécessité, quelle urgence répond-il ? Comment le sujet se fait-il son propre objet ? Pourquoi objectiver son propre sujet ?

Quel geste pose-t-on, quel passage à l’acte, quand on « se tire le portrait » à soi-même ? Et dans quel but ? Pour qui est-ce que je me représente ? Et est-ce que je me représente vraiment, ou bien est-ce que je représente une image en moi ?

L’autoportrait, historiquement, si l’on considère par exemple ceux que Rembrandt n’a cessé de peindre tout au long de sa vie, est l’expression d’un memento mori : « Souviens-toi que tu vas mourir. » Rappel à l’ordre de la vanité de l’existence et de l’éternité de la mort à l’œuvre dans la vie, dans toute vie. L’autoportrait exprime en même temps le désir d’accéder à une certaine immortalité quand « je » (celui qui tient le pinceau) fixe ici les traits qu’il croit saisir de ce que je décide être « moi » (le sujet saisi sur la toile).

Chez les peintres surréalistes comme Magritte, l’autoportrait est pointé comme geste impossible, « reproduction interdite » : le sujet ne peut se donner à voir que de dos, c’est-à-dire par ce qu’il ne voit jamais de lui-même.

L’autoportrait renvoie aussi, bien sûr, à l’amour de soi-même et au danger de l’excès de cet amour quand il se fait sa propre illusion, quand il devient narcissisme : Narcisse, amoureux de lui-même aussitôt qu’il se voit, oublie qu’il est « soi » et se regarde comme un autre. Il tombe littéralement « en amour » de lui-même, s’oublie, s’abîme dans la contemplation de son propre reflet, et en meurt. Le reflet est devenu fantôme. Il se transforme en fleur, en narcisse, au bord de l’eau : métamorphose.

La métamorphose du « moi » est donc l’espace où le « moi » est remis en cause pour être donné à voir autrement, pour être un « vrai moi ». Il s’agit non plus de séduire ou d’impressionner par l’image, mais de refléter la complexité de « moi-même », ce qu’il est difficile de saisir – même par « moi ». Espaces de fragilité, espaces de vérité dans un geste qui, en déformant les images convenues par les impératifs (moraux, religieux, politiques, familiaux, économiques) de la société, parvient au plus juste.

Les élèves du groupe de spécialité HLP en Terminale se sont prêtés à l’exercice de produire un autoportrait d’eux-mêmes, accompagné d’un texte soit qui expliquait leur démarche, soit qui exprimait leur « moi » intime.

L’exercice leur a permis de questionner comment il est possible de saisir un « moi » toujours en mouvement et en même temps de le donner à l’autre : se déploient alors une multitude de questions, dont celle de l’image qu’on peut avoir de soi-même, et de l’écart qui se fait avec celle que je veux communiquer à l’autre et avec celle que l’autre reçoit.

 

Julie Grimoud, professeure de Littérature.

Liste des élèves : Clothilde Bampeta, Lisandre Cormier, Laure Garcin, Sigrid Göpfert, Jelena Moerenhout, Mehdi Moerenhout, Servais Nieki Zanga, Serena Parasmo, Marica Pembe.